jeudi 1 décembre 2011

De l'école de Palo Alto au Structuralisme

ÉCOLE DE PALO ALTO

McLuhan et le paradigme technologique
 Selon le chercheur canadien McLuhan, l’imprimerie et les autres nouvelles technologies ont introduit le code alphabétique et linéaire qui a affecté à long terme notre façon de raisonner. L’exemple utilisé est celui d’une récente étude qui a prouvé que les gens utilisant le plus Facebook voient leur hémisphère droit du cerveau plus développé que la moyenne. Ainsi, l’idée fondamentale du paradigme technologique est les attributs de base des différents médias peuvent affecter l’ordre social ce qui revient à la citation célèbre de McLuhan « le médium est le message » (Radio-Canada, 1967). Toujours selon lui, l’agent est principalement technologique et souvent nous n’avons même pas conscience de cet impact de la technologie sur notre perception, c’est la technologie qui explique le rapport entre les humains.

Le paradigme technologique est parfois mis en lien avec le constructivisme instrumental puisqu’ils partagent l’aspect technologique qui élargie la notion de monde vécu tel que le télescope et le microscope qui ont augmenté les connaissances humaines au point où les gens ne réalisent même plus la présence de ces technologies qui sont pratiquement devenues des bruits de fond. On en vient à perdre notre capacité d’observer de façon critique la technologie. Ainsi, la technologie limite nos libertés puisqu’elle fait partie intégrante de nous, nous ne choisissons pas de l’utiliser, mais l’utilisons sans nous en rendre compte. Un autre exemple intéressant est celui d’une lecture dans laquelle on étudiait comment la vie d’une population dans la ville de Montréal réagissait à une coupure prolongée de l’accès au téléphone. À cette époque, il s’agissait du médium par excellence, l’internet n’ayant pas encore été instauré partout et les gens se sont retrouvés démunis sans cette technologie qui semblait faire partie d’eux (Wurtzel, A et Turner, 1992).
Habermas
Contrairement à l’école de Francfort, Habermas refuse de renier l’idéal de la raison telle que mise en avant durant le Siècle des lumières, par Kant entre autres. Il argument que contrairement à la désillusion postmoderne qui remet en question l’idéal de la raison, celle-ci n’a simplement pas encore été atteinte à son plein potentiel et que cette désillusion devrait pousser à l’améliorer encore plus et non pas à la renier (Ipperciel, 2008).
Dans la société de masse, tous les rapports sont considérés sur une base marchande qui a l’avantage d’être facilement comprise, par la majorité de la population. Malheureusement, ceux qui n’accèdent pas à ce code marchant se trouvent exclus et isolés, de la société. Habermas, en plus de rejeter la désillusion face à la raison, il rejette aussi cette conception de la société dite marchande. Il va ainsi proposer la création d’un espace spécifique où la pensée peut se libérer de ce code marchant. Il s’agit d’un espace public où les idées circulent et sont librement critiquées afin d’ouvrir la voie vers le progrès et la véritable raison des Lumières. Dans ce même ordre de pensée, Habermas explique que la meilleure façon d’assurer cette libre circulation de l’information c’est par l’utilisation du langage qui est considéré comme universel et accessible à tous qui permet à son tour la création de cet espace public. Cependant, cette vision est affaiblie par son refus d’accepter la prépondérance du code marchand et de la fonction des systèmes qui sont à la base de la structure de la société. Ainsi, la société est structurée en système qui possède eux-mêmes des codes (types de langages) précis qui ne sont pas accessible à l’extérieur de ces systèmes ce qui a pour effet de créer une société marchande dans lequel le langage ne joue pas un rôle majeur tel que présenté par Habermas. Ainsi, sa perception semble remplie d’espoir, mais aussi utopiste dans le sens où si le langage était la clé vers la raison le progrès et le pouvoir de l’acteur, les modalités de la communication de masse et le système marchand seraient désuets depuis longtemps. Le langage ne peut donc avoir vocation de l’action et n’entraine pas le changement tel que présenté par Habermas. Pour régler le problème, il faut pouvoir passer d’un usage privé de la raison vers un usage public.

Influences d’Habermas

Une partie des recherches effectuées par Habermas sur « le monde vécu » a été inspirée de nombreux travaux. Principalement, l’on retrouve la théorie de Husserl qui critique la prétention des scientifiques à avoir accès à la raison et à l’objectivité. Il insère la notion d’une réalité préexistante à l’observation composée d’expériences passées qui préconstituent le sens de ce qui est observé. Husserl appelle cela le monde vécu. L’on retrouve aussi Lebenswelt qui considère que l’objectivité ne peut exister. Il est question du « point aveugle de Lebenswelt » qui veut que l’on ne puisse observer certaines choses, car elles font partie de nos connaissances prévécues, telles que les coutumes de certains systèmes qui ne nous sont pas accessibles (Bergame, 2007).

Théorie de l’action communicationnelle
Selon Habermas, ces visions sont toutes valables, mais il va reprocher à Lebenswelt de ne pas prendre en compte l’importance du langage pour rejeter l’idée d’incompréhension entre les systèmes (tel que présenté par Luhmann). Selon lui, le langage à le pouvoir de transcender les systèmes et d’ainsi lier ce qui pouvait paraître séparé.

 Selon sa théorie de l’action communicationnelle, le monde vécu est immédiat, possède un pouvoir d’idéalisation et permet une construction holistique du réel. C’est, de plus, cette action qui permet de s’assurer du succès de la compréhension de l’échange, qui permet de coordonner les actions et permet la socialisation qui élimine les barrières entre les systèmes. Ainsi, Habermas conçoit la société comme un monde vécu de façon symboliquement structurée par l’action de communiquer. Par ce fait, il méprise et même ignore les modalités de la communication médiatisée et du code marchand qui domine la société actuelle. Cette conception, depuis le temps, est considérée comme naïve puisqu’elle refuse de voir que le langage, bien qu’universel, en devient privé lorsque certains systèmes développent leur propre langage (tel que le langage marchand précédemment mentionné). Ainsi, l’action de communiquer n’amène pas automatiquement une compréhension et un accès à des connaissances qui reste réservé à certains systèmes (Letonturier, 2008).
L’école de Palo Alto utilise une approche systémique des relations humaines en mettant l’accent sur les interactions entre les divers éléments d’un système. Elle utilise la méthodologie du changement qui sert à modifier le contexte d’une situation dans un système en le plaçant dans un nouveau cadre conceptuel qui, bien que fonctionnant avec le contexte, en change complètement le sens.

Bateson et Watzlawick
Les débuts de l’école de Palo Alto sont axés sur l’interactionnisme. Cette approche s’inspire du systémisme, de la cybernétique et de la biologie et l’un des premiers chercheurs à s’y intéresser se nomme Bateson. Selon lui, le sens, la signification ne dépend pas des structures mentales (ce que l’on veut dire), mais plutôt des significations donner aux actions (ce que l’on comprend du message) et des modalités utilisées au court de cet échange communicationnel. Il va travailler durant une longue période au Mental Research Institute (MRI) de Palo Alto, période durant laquelle il aura la chance d’élaborer ses recherches sur la communication qui seront par la suite reprises par Watzlawick qui y a aussi travaillé (De Wan, 2011). Watzlawick va ainsi présenter une théorie formalisée de la communication qui prend en compte 5 axiomes de la communication qui sont inspirés par Bateson :

Le premier axiome est celui qu’ « On ne peut pas ne pas communiquer », ce qui met l’accent sur le logocentrisme, tout est signe et signification, ce qui ne signifie pas que cette communication est faite intentionnellement. Cet axiome rejoint directement le second qui est celui de la métacommunication qui distingue le contenu (appelé « indice » par Bateson) et le rapport communicationnel (appelé « ordre » par Bateson)  afin que celui-ci aide à la compréhension du dit contenu (tel que précédemment soulignée par Mac Kay). L’aspect « ordre » de la communication est généralement secondaire au contenu lorsque l’échange est sain ou spontané, de n’est que dans des situations « Malades » que la relation prend le dessus sur le contenu.
Le troisième Axiome est celui qui porte sur la séquence de l’interaction. Ainsi, cet axiome compte aller plus loin que la simple catégorisation « stimuli-réponse » béhavioriste en utilisant des séquences d’échanges beaucoup plus longues qui permettent ainsi d’attribuer en même temps la catégorie stimulus, réponse et renforcement pour chaque partie de la séquence. Bateson sur le sujet démontre de plus que la compréhension de ces interactions peut varier selon les personnes, c’est ce qu’il appelle « distorsion de la réalité » (Beavin et Jackson, 1967).

Ainsi, l’on peut voir dans ce vidéo que Sheldon tente de changer les comportements de Penny qu’il trouve dérangeant en enregistrant dans son inconscient un renforcement positif pour chacun des gestes qu’elle change. Sheldon tente donc de contrôler Penny alors que Penny elle, n’a conscience que du fait que lorsqu’elle lui fait plaisir, celui-ci lui donne une récompense (chocolat). Ainsi, la vision de l’interaction diffère selon la personne. De plus, l’on retrouve aussi l’exemple communication où le rapport communicationnel prend le dessus sur le contenu lorsque Leonard, après avoir tenté de convaincre Sheldon qu’il n’était pas correct d’agir ainsi, interdit à Sheldon d’utiliser le renforcement positif sur sa blonde. Il met don de l’avant sa position relationnelle pour intimer une action ou dans ce cas-ci, une absence d’action.

Par la suite, l’on retrouve l’axiome numéro quatre qui distingue les aspects numériques et analogiques. Le numérique (aussi appelé digital) désigne le langage verbal alors que l’analogique serait considéré comme la majorité des communications non verbale. Il est statué par exemple que la gestuelle est un mode de communication antérieur et donc plus général et plus facilement accessible que le langage verbal. Néanmoins, l’être humain se distingue des autres animaux, entre autres, par la capacité d’utiliser conjointement le mode de communication digital et analogique. Le mode digital, verbal, sert à transmettre la partie « contenu » mentionnée précédemment alors que le mode analogique serait plutôt annonciateur de la partie « relation » de la communication.
Un bon exemple de cette différenciation se retrouve dans cette vidéo :
Penny arrive dans l’appartement de Sheldon et Leonard pour échanger des cadeaux de Noël. Lorsque Sheldon reçoit le sien, il est tellement ému qu’il ne sait plus quoi dire, il a des sanglots et des tremblements dans la voix et il dit n’avoir rien d’aussi bien comme cadeau à lui offrir en retour (alors qu’il possède plus de 5 cadeaux de différentes importances). À court de paroles pour exprimer la gratitude qu’il ressent, il va faire un câlin à Penny. On voit à quel point il n’est pas à l’aise, n’étant pas quelqu’un d’affectif, mais il le fait, car pour lui ce geste en dit beaucoup plus que tous les mots qu’il pourrait utiliser. À court de mots pour passer son message, il va utiliser le mode analogique, non verbal pour mieux se faire comprendre. N’ayant jamais fait de câlin à de par le passé, ce mode d’expression permet donc de montrer que leur relation passe à un autre niveau.

Et finalement, le dernier axiome est celui de la symétrie des interactions. Ici, les échanges sont donc considérés comme étant symétriques ou complémentaires et donc fondés soit sur l’égalité, soit sur la différence. Pour la communication symétrique, l’on peut penser à l’échange entre deux amis alors que la communication complémentaire impliquerait une certaine hiérarchie telle qu’un parent envers son enfant ou un médecin envers son patient (Beavin et Jackson, 1967.
LA PRAGMATIQUE

La pragmatique et le langage (1950-1990)

Charles Morris et Pierce sont considérés comme les pères fondateurs de la sémiotique, la science générale des signes. À l’intérieur de cette science, Morris fait ressortir la pragmatique, qui est l’analyse du langage. Cette science a été influencée par l’empirisme logique du cercle de Vienne et par le Pragmatisme (Cl. Normand, 1985).
Le Pragmatisme
Kant fut l’un des premiers philosophes à mentionner le Pragmatisme en parlant d’impératif pragmatique et du choix des moyens qui permette d’accéder à un meilleur monde. Selon Kant, le bien-être se définit par rapport entre la théorie et la pratique puisque la théorie est vue comme une façon d’organiser sa vie et donc possède une vocation dite « pratique ». Un autre adepte de l’école du pragmatisme fut John Stuart Mills qui met de l’avant la notion d’expérience comme moyen de mesurer la validité d’une vérité. C’est cette expérience qui définit les connaissances scientifiques (Idem.).

L’empirisme logique du cercle de Vienne
Le cercle de Vienne va développer sa propre conception « scientifique » du monde. Ce cercle se base sur l’esprit des lumières et de la raison, selon eux, les sciences s’unifient dans la physique ou dans la logique puisque les connaissances sont soit empiriques, soit formelles et que la théorie de la connaissance utilise la philosophie et le raisonnement logique pour comprendre les propositions scientifiques. Ainsi, l’empirisme logique considère que seul ce qui est vérifiable peut démarquer ce qui est scientifique de ce qui ne l’est pas et rejette donc la métaphysique. Il n’est donc pas étonnant que Morris situe son rôle dans la continuité du rationalisme des lumières qui se retrouve dans ses influences (Idem.).

Morris est aussi associé à Pierce, l’autre père fondateur de la pragmatique. Selon lui, la connaissance est en lien avec la croyance et l’action, c’est celle-ci qui permet de décider « what to do and how to do it » (Diapo du cours). Pour Pierce, la pragmatique est considérée comme la dernière étape de l’élaboration scientifique qui permet la prise de décision. Ainsi, la pragmatique serait l’étude de la façon dont les humains se comportent en prenant en considérant leur connaissance de leur environnement.  Donc, Pierce et Morris sont en corrélation par leur influence provenant du pragmatisme qui est considéré comme la prise de choix vers une bonne vie et provenant de l’empirisme logique qui cherche à développer un langage mathématique universel qui éliminerait toute possibilité d’ambiguïté des termes (Réthoré, 1989).
Concepts clés de la pragmatique
Les concepts clés de la pragmatique sont la notion d’acte et la notion de contexte. Le langage est considéré comme une action, car il permet d’instaurer la construction d’un sens. La notion de contexte est aussi importante, car elle situe concrètement les propos qui sont émis et la notion de désambiguïsation qui permet de rendre la compréhension du message sans équivoque, de s’assurer, par l’utilisation d’information extralinguistique, que le message ne peut pas être interprété différemment.
Pour pouvoir mieux comprendre ces notions, la pragmatique tente d’étudier ce que nous faisons quand nous parlons (gestuel, intonation, etc.), ce que nous disons (sémiologie), pourquoi nous n’exprimons pas toujours ce que nous souhaitons (ambiguïté) et quoi faire pour éviter que cela se reproduise.
L’on retrouve par exemple l’interaction du vidéo suivant qui montre bien l’importance de contextualiser le langage et démontre aussi les différentes façons que ce langage peut être décodé lorsque l’on recherche à  trouver la seule interprétation possible :


La théorie des actes de langage
La théorie des actes de langage, développé par John Austin distingue deux dimensions dans le langage, il ne s’agit pas seulement d’énoncer un fait tel que « la pomme est rouge », mais plutôt de créer une action telle que « je manque une pomme rouge ». L’acte de langage a donc un but, celui de persuader, d’informer, de motiver, etc. L’acte performatif (ou illocutoire), ne décrit et ne constate rien, comme l’acte constatif, au contraire, il n’est ni vrai, ni faux. Cependant, il faut certaines conditions pour permettre à l’acte de langage performatif de fonctionner. En effet, si les mots utilisés lors de la communication ne font pas partie d’un code partagé entre les participants, alors l’acte est nul puisque le message ne peut être interprété correctement. Le langage est donc vu comme un outil, et il n’en tient qu’aux humains de l’utiliser correctement. Chacune de ces interactions implique 3 actes distincts.

(Pour des raisons techniques je n'ai pas réussit à l'inclure dans le blog: http://www.youtube.com/watch?v=wjkokUkiNIs)
Pour commencer, l’on retrouve l’acte locutoire qui consiste simplement en l’action de parler, peu importe le sens que nos paroles communiquent. L’on retrouve ensuite l’acte illocutoire qui est ce que nous accomplissons par le sens de nos paroles. Par exemple dans ce vidéo, lorsque Penny dit « I don’t care, I am taking a stand! … Metaphorically » elle pose comme acte illocutoire celui de s’opposer à la volonté de Sheldon. Ensuite l’on retrouve l’acte perlocutoires qui est en fait les répercussions de ce qui a été dit. Ici à savoir créer un sentiment d’étonnement dans le groupe et de frustration pour Sheldon qui la bannit ensuite de l’appartement.

Austin analyse aussi les actes de langage en les rangeant dans 5 classes d’actes différents. L’on retrouve l’acte verdictif qui consiste à porter un jugement, l’acte exercitifs qui consiste à exercer un pouvoir, l’acte promissif qui consiste à promettre quelque chose, l’acte comportatif, en lien avec un comportement et l’acte expositif qui est celui d’exposer sa pensée. Par exemple, dans le vidéo de Big Bang Theory si dessus, l’on peut retrouver chacun de ces actes.
Sheldon pose un acte verdictif lorsqu’il explique à Penny qu’elle en est à sa deuxième offense. Penny pose un acte expositif lorsqu’elle fait remarquer qu’il s’agit d’une simple rondelle d’oignon. Sheldon pose un acte exercitif lorsqu’il lui dit que personne ne touche sa nourriture. Penny quant à elle pose un acte comportatif lorsqu’elle s’excuse et Leonard intervient plus tard en posant un acte promissif lorsqu’il promet à Penny de parler à Sheldon qui vient de la bannir de l’appartement.

C’est d’ailleurs en s’inspirant des recherches d’Austin et de Searle et de leur étude théorie des actes de langage qu’Habermas en viendra à créer sa théorie de la pragmatique universelle. Selon lui, la démocratie se conçoit comme la communication et la discussion au sein d’un espace public. C’est cette communication rationnelle qui va permettre une bonne entente et une la réinvention d’une modernité qui selon lui, n’a pas encore atteint son apogée (Tine, 2000).
LE STRUCTURALISME

Ferdinand de Saussure
Ferdinand de Saussure pose les prémisses du structuralisme et s’inspire de la théorie du langage, de l’analyse des signes. Il voit les langues comme appartenant tous à un système dans lequel les éléments se définissent selon des relations d’équivalence ou d’opposition qui, toutes regroupées, forment un ensemble de relations qui se définit par une « structure ». Ainsi, le structuralisme est l’étude de la réalité en tant qu’ensemble formel de relation. Pour cette théorie le langage se situe par rapport aux signes qui l’entourent et qui font partie d’un système permettant de les analyser. Saussure va distinguer (avec Peirce) le signifiant et le signifié, le premier étant le contenant, la forme du message, alors que le signifié est le sens qui lui est donné (GREIMAS, 1956).

Dans la série télévisée The Big Bang Theory, l'on retrouve un épisode où le groupe de jeunes hommes se trouvent invités à un fête d'Halloween donnée par Penny. Durant un moment Leonard se sent un peu perdu et cherche à comprendre comment se mêler au groupe sans détonner. Pour l'aider, Sheldon tente de lui décrire la structure du groupe tel qu'il l'observe à ce moment:

(Pour des raisons techniques je n'ai pas réussit à l'inclure dans le blog: http://www.youtube.com/watch?v=MGAR_FcvCZY)

Claude Levi-Strauss
Claude Lévi-Strauss est l’un des plus importants acteurs du structuralisme. Il aborde l’étude des systèmes selon une approche anthropologique qui voit la société comme étant composée d’une culture propre qui elle-même se définit par des phénomènes de nature symbolique. Ainsi, il met l’accent sur l’importance des relations entre les phénomènes au détriment des sons émis. Pour lui, la structure est donc socialement construite de sorte qu’elle permet une interprétation du réel. Un exemple serait de présenter la relation entre mari et femme qui est implicite dans une société et pourtant diffère dans certaines d’entre elles de sorte que nous sommes en mesure d’y découvrir différentes cultures et structure sociétale. Ces structures sont considérées comme étant un type de communication parfois beaucoup plus fort que les paroles elles-mêmes (Lacroix, 1999). L’on pourrait par exemple revenir à la vidéo de Big Bang Theory et se demander qui a donné le pouvoir à Sheldon de donner des ordres, d’établir des règles et même de bannir quelqu’un. Ce pouvoir lui a été conféré de façon tacite, sans consultation volontaire des partis. Il s’agit d’une culture inconsciente qui s’est installée à l’intérieur du groupe pour en façonner sa structure.

En se dégageant des lois de la pensée inconsciente, puisqu’elle rejette l’idée d’une prélogique, la théorie structuraliste n’entre pas dans l’étude de la subjectivité et cherche, le plus possible, à s’éloigner des illusions qu’il considère comme partie prenante de la conscience.
Les systèmes de signes
La communication fonctionne par échange de signes codifiés et appartenant à des systèmes commun aux personnes impliquées dans l’échange. Le bon codage est donc une partie prenante de ce qui permet la transmission d’un message, il s’agit d’une condition obligatoire qui doit être remplie de deux façons.
La première condition est celle du message à l’entrée du canal de communication. Il est important de trouver le moyen adéquat de partir de la source de l’information (l’émetteur) au message lui-même (émission de signes) et donc, au codage.
La deuxième condition est celle du message à la sortie du canal de communication. Il faut que la personne soit en mesure de décoder et d’interpréter les signes utilisés pour faire passer le message. Dans ce cas-ci, il faut comprendre que le décodage est purement subjectif puisque, comme l’expliquait Saussure, on peut donner une signification différente au signe que celui-ci qui a d’abord été perçut.

L’on peut penser ici à la vidéo suivante où Sheldon demande l’aide de Penny pour comprendre un message de Leonard. Celui-ci a posé une cravate sur la poigné de sa porte de chambre. Sheldon comprend que le but est de lui envoyer un message, mais il ne possède pas la connaissance du code nécessaire à la compréhension du message et il va donc aller demander à Penny quel est le sens à donner à la cravate:

(Pour des raisons techniques je n'ai pas réussit à l'inclure dans le blog: http://www.youtube.com/watch?v=qeefWS8YrDw)

Ainsi, le code possède 3 propriétés qui lui sont propres :
La première est celle voulant que le code précède le message. En effet, pour communiquer efficacement, il faut déjà posséder le bon type de codage, autrement la communication ne peut se faire et il n’est pas possible que celui-ci se développe durant la communication puisqu’il ne peut y avoir de communication sans code. L’on peut par contre communiquer le code via une première communication, mais celle-ci reste néanmoins teintée de codes préexistants qui permettent d’établir le second code. L'on retrouve ici encore l'exemple du sens/ code à donner à la cravate.

En deuxième lieu, le code se trouve à être indépendant du message. En effet, un message peut être bien ou mal reçu par l’interprétation faite du code par le receveur, mais le code reste valable, et ce, indépendamment de la compréhension du message.

La troisième caractéristique du code est que celui-ci est indépendant de l’émetteur. En effet, l’émetteur est limité dans ses choix communicationnels par le cadrage des possibilités d’expression émise par le code. L’émetteur ne peut que se contenter des codes existant pour tenter d’exprimer le plus purement possible sa pensée.
Le structuralisme et ses trois thèses canoniques
Le premier est que le signifiant précède le signifié (puisque nous avons déjà vu que le code précède le message). Le problème principal posé par cette thèse est la question du codage de ce qui se trouve hors du code (puisque celui-ci est réducteur).

C’est la seconde thèse, celle voulant que le sens surgisse du non-sens, qui répond à cette problématique. En effet, la vie s’est constituée de convention sociale, de code duquel on ne peut en général pas déroger au risque de devenir « incompris ». Malgré tout, c’est cette action de « non-sens » qui permettra de donner un sens au message qui est envoyé.
La troisième thèse du structuralisme est que le sujet se soumet à la loi du signifiant. En effet, puisque la sémiologie impute la réussite de la communication à la bonne compréhension du message par le destinataire, celui-ci se doit de se soumettre au code provenant de l’émetteur.

Roland Barthes
Un autre acteur important du structuralisme est Roland Barthes, considéré comme l’un des pères fondateurs de la sémiologie. Selon lui, elle a pour étude tout système de signes, peu importe sa substance et ses limites. Il va donc beaucoup plus loin que de simplement analyser le langage verbal, il inclut, les images, les gestes, objets rituels, etc. Il va donc prendre en considération tout ce qui se trouve à l’intérieur du langage/système de signification ce qui inclus la langue/parole, le signifiant/signifié, le système/syntagme et la dénotation/connotation. Il concentrera néanmoins ses efforts sur le signifiant/signifié et sur la dénotation/connotation (Hill and Wang (1964).




Peirce
John Peirce est un fondateur de la sémiotique qui étudiât la communication par les signes. Il définit de plus les réalités en se basant sur les effets en lien avec les objets qu’il nomme par la suite (inversement à la logique d’Aristote) et il définit l’homme comme étant un être social et historique (puisqu’il appartient à son contexte). Selon lui, toute pensée s’effectue à partir de signes sans quoi, notre perception de la réalité ne peut exister. Peirce distingue trois catégories nécessaires à l’expérience humaine (Ouentchist, 2011) :

La primité : Il s’agit de l’être premier, sans nuance, de l’instant temporel. Il s’agit du cosmos, du Big Bang, du récit de la création où aucune forme n’est encore établit, l’être est à son état le plus pur et s’associe aux émotions.

La secondéité : C’est le moment où l’être se définit par rapport à autre chose, il s’agit d’un état qui s’inscrit dans un temps discontinu (un être historique). Il s’agit de la vie pratique où l’être se définit par rapport à quelque chose d’autre et s’associe donc aux relations.
La tiercée : C’est le moment du jugement, l’être est régulé par des normes, des lois, elle est nécessaire. Elle est la catégorie de la pensée, du langage, de la représentation. Elle s’associe à la communication sociale, à la vie intellectuelle.

La triadique de Peirce
Peirce voit le processus sémiotique comme un rapport à trois temps avec un signe, un objet et son interprétant (Ouentchist, 2011).
Le signe (representamen) : Le signe représente l’objet et non pas l’inverse. Il ne peut faire connaitre l’objet, seulement exprimer quelque chose à son sujet, et encore, seulement si le récepteur connait déjà l’objet en question.
L’objet : Il existe deux types d’objets : dynamique (tel qu’il est réellement, de façon objective) et immédiat (tel qu’il est représenté par le signe)

L’interprétant : C’est l’interprétation que se fait le récepteur du signe et qui crée un nouveau signe qui permet au cercle triadique de continuer à l'infini. Ainsi, la compréhension d’une signification nous renvoie toujours à de nouvelles significations.
Limite/paradoxe du structuralisme
Leur principale critique serait de posséder une démarche trop réductionniste. La vie sociale est observée comme un langage, un code de communication. Il découpe ainsi les formes structurales qui accompagnent la communication sans pour autant en regarder la substance

SOURCES
Beavin,  Janet H. et Donald D. Jackson (1967), « Paul Watzlawick, Janet Helmick, Don D. Jackson, Une logique de la communication » Éditions du Seuil, Paris, pages 45 à 69.
Bergame (2007), « Husserl, La Crise des Sciences Européennes », http://digression.forum-actif.net/t108-husserl-la-crise-des-sciences-europeennes

De Wan, Anne-Lise (2011), « Les théories issues du groupe de Palo Alto », http://www.systemique.levillage.org/docs/paloalto.pdf

Greimas, Algirdas-Julien (1956) « L'ACTUALITÉ DU SAUSSURISME », Le français moderne, 1956, n°24, p. 191-203. http://www.revue-texto.net/Saussure/Sur_Saussure/Greimas_Actualite.html
Hill and Wang (1964), « Elements of Semiology », http://www.marxists.org/reference/subject/philosophy/works/fr/barthes.htm

Ipperciel, Donald, (2008), « Habermas et la religion au-delà des limites de la simple raison », http://www.espacestemps.net/document7966.html
Lacroix, Jean (1999), « Le structuralisme de Claude LÉVI-STRAUSS », http://www.girafe-info.net/jean_lacroix/strauss.htm

LETONTURIER, Éric (2008), « THÉORIE DE L'AGIR COMMUNICATIONNEL, livre de Jürgen Habermas », Encyclopædia Universalis, http://www.universalis-edu.com.proxy.bib.uottawa.ca/encyclopedie/theorie-de-l-agir-communicationnel/
Luhmann Niklas, (1991) Suhrhampf Verlang, Ackermann Werner, Quéré Louis. Communication et action. In: Réseaux, 1991, volume 9 n°50. pp. 131-156.

Normand,Cl. , M.-F. Trollez   (1985), « Du pragmatisme à la pragmatique : Charles Morris », Langages ,Vol 19, No. 77,  pp. 75-83.
Ouentchist2 (2011), « Introduction à l'Etude de La Semiologie 1 », p.13, http://www.scribd.com/doc/23978508/Introduction-a-l-Etude-de-La-Semiologie-1

Radio-Canada (1967), « Le médium, c'est le message », http://archives.radio-canada.ca/arts_culture/medias/clips/323-1675/
Réthoré, Joëlle  (1989), « La pragmatique linguistique de Peirce », Études littéraires, vol. 21, n° 3, 1989, p. 49-58.

Wurtzel, A et Turner (1992), « Fonctions latentes du téléphone. Ce qui manque lorsque la ligne est coupée », Réseaux, n° 92, 11 p


lundi 31 octobre 2011

Lasswell et compagnie

À la suite de la théorie de Shannon et Weaver, l’on retrouve de nombreuses autres théories, don’t celle de Lasswell et de Lazarsfeld :

Lasswell (école de Chicago)
Laswell est un chercheur américain qui s’intéresse, tout comme Shannon et Weaver peu avant lui, à la communication de masse. Il crée une vision linéaire de la communication qui va comme suit (Communication Theory Blog) :
Sa singularité première est qu’il étudie la communication en posant des questions sur le fonctionnement de la communication et sur ses principales composantes :
-          Qui : Il veut étudier les producteurs, les auteurs qui sont à la source du message et de la sélection du contenu communiqué. Qui sont-ils? Des médias, des organisations des compagnies, des leaders d’opinion?
-          Dit quoi : Quel est le message qui a été choisi, comment analyser correctement celui-ci… Pourquoi avoir choisi ce message en particulier et pas un autre? Quel est le but recherché par cette transmission d’information?
-          Par quel canal : Quel est le moyen de transmission utilisé? Pourqoi choisir la radio au lieu de la télévision? Quelle codification a été choisie (choix du langage, des portes-paroles, etc.) et de quelle façon est-il décodé? (Qu'est-ce que le public a compris du message?)
-          À qui : Quelle est l’audience, pourquoi celle-ci et pas une autre? (On va adapter le codage selon le public cible et ses caractéristiques)
-          avec quel effet : Est-ce que le message a été bien reçu? A-t-il eu un impact sur le public cible? Celui-ci va-t-il changer selon l’objectif donné de l’émetteur? Les médias ont-ils un effet direct sur le public? Indirect? Limité? 

Exemples utilisant la théorie de Lasswell
Si l’on revient sur le modèle de la communication avec les questions posées par Lazarsfeld, il est important pour comprendre la communication d’en étudier toutes les composantes. Pour ce faire, je vais utiliser quelques vidéos qui vont mettrent l’emphase sur les différentes questions de ce modèle.
Exemple no.1 - démontre l’importance particulière à accorder au message envoyé par l’émetteur. Il va comme suit :
Durant le début du vidéo, Sheldon apprend que son amie Penny lui a acheté un cadeau de Noël. Par la suite, il se sent obligé d’aller lui magasiner un cadeau de Noël, mais il se retrouve perdu dans le magasin, car il ignore quoi lui acheter, il ne sait pas quel cadeau va envoyer le bon message à son amie. On le retrouve donc en train de demander à la vendeuse ce que selon un cadeau x envoie comme message :

Sheldon (il parle à ses amis qui tentent de le pousser à acheter un cadeau rapidement)
… Lets say for a moment that I accept the bath item gift hypothesis, I now have to decide which size.
Ami : This one, lets go!
Sheldon : You put not tough into that. (…) I have insuficient data to proceed. (se tourne vers la vendeuse :) Excuse me miss, if I would have give you this gift basket, based on that action alone and no other data, refer and describe the relationship that exist between us.
Vendeuse : - Excuse me?
Sheldon : - Here (il lui tend le cadeau), now, are we friends? Collegues? Lovers? Are you my grand-mother?

Dans cette partie de la vidéo a l’importance pour le producteur de contenu d’acheter un cadeau qui communique le bon message. Dans ce message « qui? » est Sheldon, le jeune qui doit acheter un cadeau à son amie. « Dit quoi? » se trouve à être son dilemme durant l’épisode, car il n’est pas certain de la signification de son cadeau. « À qui? » est son amie, « par quel canal? » se trouve à être le cadeau qui possède le message, la signification et « avec quel effet?» est la raison pour laquelle il a tant de mal à choisir un cadeau, il veut créer le bon effet.
N’étant pas doué avec les relations interpersonnelles et il veut être sûr de ne pas se tromper. Et si je lui achète un cadeau qui lui donne l’impression que je veux être plus qu’un ami? Ou bien si je lui donne un cadeau qui vaut moins cher que le sien, je ne veux pas qu’elle pense que je l’apprécie moins qu’elle… Ainsi, l’on comprend toute l’importance accordée au « dit quoi? » du modèle de Lazarsfeld, l’émetteur ne lui donne pas n’importe quel cadeau, il lui en choisit un précis qui porte un message précis et dans lequel l’émetteur a mis beaucoup de son temps. En fait, il a tellement peur d’envoyer le mauvais le message que vers la fin du vidéo tu le vois revenir avec plusieurs cadeaux de valeurs différentes afin de pouvoir lui donner celui qui est plus proche du cadeau qu’elle va lui donner, de sorte que le message et l’effet final de la communication devraient bien se passer.
Exemple no.2 - démontre l’importance du « dit quoi? » :
http://www.youtube.com/watch?v=n8ghizM7Dto (des raisons techniques m'empêche de le publier sur le blog)
Dans cette séquence où Penny tente de faire comprendre à Sheldon qu’il doit acheter un cadeau pour la fête de son meilleur ami, elle ne réussit pas à lui faire comprendre l’importance de la situation jusqu’à ce qu’un autre ami lui explique comment et quoi dire à Sheldon pour qu’il comprenne ce qu’elle veut dire.
Penny : Sheldon I have not seen your present
Sheldon : That’s because I didn’t bring one
Penny : Why not?
Sheldon : The entire (blablabla)
Penny : Well Sheldon, you are his friends, friends give each other presents
Sheldon : I accept your premisse I reject your conclusion
Ami : Try telling him it’s a non-optional social convention
Penny : It’s a non-optional social convention
Sheldon : Ha, faire enough!
Ami (en s’adressant à Penny): He cames with a manual

Ainsi, « qui? » est Penny qui veut convaincre Sheldon (« à qui? ») d’acheter un cadeau de fête à leur ami commun (« avec quel effet? »). Celui-ci refuse de le faire parce qu’il considère que c’est inutile et une perte de temps. Elle tente de lui faire comprendre que l’important est dans le geste, dans l’intention (« dit quoi? »), mais n’arrive pas à le convaincre jusqu’à ce qu’une personne lui dise quel argument donner pour que Sheldon accepte d’aller acheter un cadeau. Dans ce cas-ci, on voit l’importance du canal de transmission, du langage utilisé pour se faire comprendre et donc du codage utilisé pour réussir à avoir l’effet désiré sur le récepteur. On peut donc voir l’interaction entre chacune des variables impliquées dans le phénomène communicationnel.

Avec quel effet? Comprendre l’influence des médias avec LazarsfeldÀ la suite de Lasswell, Lazarsfeld reprend l’idée d’étudier l’influence des médias sur les audiences. Il s’intéresse principalement à la question de la persuasion. Ayant quitté l’Allemagne Nazi et la propagande de Hitler, il décide de concentrer son étude sur les effets de la radiodiffusion (Out of the Question Blog). Il reçoit la subvention Rockefeller avec laquelle il doit étudier dans le contexte du New Deal et de la persuasion pour favoriser l’effort de guerre (Raymond BOUDON) (image d’une femme égorgée par un chinois).

Parmi les exemples souvent cités l’on retrouve l’expérience du petit Albert où un scientifique tente de voir si un enfant peut se faire conditionner tel l’expérience du chien de Pavlov qui se mettait à saliver à chaque fois qu’il entendait le son d’une cloche, car son maître quand le chien était jeune, le nourrissait toujours après avoir fait sonner une cloche (Paradoxa - entre psychologie et autre chose, 2008).
Le but était donc de reproduire l’expérience avec un enfant dans un contexte isolé et tenter de voir de quelle façon celui-ci va réagir après avoir, à plusieurs reprises, reçu de petites décharges électriques lorsqu’il tentait de prendre l’un des toutous en forme d’animal. Par la suite, à chaque fois que l’enfant voyait une forme s’apparentant à un animal, il commençait à ressentir de la peur. Un second exemple est celui du jeu de la peur, une ré-expérimentation de Milgram (Simon Marty – Marianne, 2010) où les individus croient participer à un jeu télévisé dans lequel ils doivent infliger des décharges électriques de plus en plus violentes à un autre participant. Les individus recevaient leur ordre d’un maître du jeu qui représentait l’autorité et le but était d’étudier jusqu’à quel point l’individu allait se conformer aux ordres de l’autorité et infliger les décharges électriques les plus violentes. Ces deux exemples avait pour but d’étudier si l’effet que peut avoir les médias sur les individus et démontrent l’importance d’étudier les différentes composantes de la communication de façon individuelle en se demandant leur importance dans le processus.
Paul Lazarsfeld considérait que l’étude de la persuasion, puisqu’adepte du  paradigme des effets limités, ne pouvait être considérée comme l’étude de la communication de masse en elle-même, mais simplement comme l’une de ses composantes de bases (Grégory Derville, 2005).

Two steps flow Communication- Katz et Lazarsfeld
Suite à ces études, Lazarsfeld et son collègue Katz, créent le modèle du Two step flow afin d’expliquer leur conception modéré de l’effet des médias sur la communication ( University of Twent, 2010) :
 Selon ce modèle, les médias n’ont pas un effet direct sur le public visé, puisque le message envoyé doit d’abord passer par des leaders d’opinion qui, à leur tour, passent leur interprétation du message au public visé. Ainsi, les médias doivent s’adapter et passer par les leaders d’opinion pour espérer réussir à faire passer leur message original. Ainsi, la question de l’audience telle que présentée par Lazarsfeld prend tout son sens tel que démontrer dans son étude pilote The People's Choice, dans lequel il démontre l’importance de l’influence des réseaux de relations interpersonnelles dans la formation des opinions politiques (Gérard Larnac, p.128, 2001). Il pointe aussi le rôle d'intermédiaire dans la diffusion des messages politiques dans sa recherche Personal Influence ([1955] 1964) (Marin Ledun, 2004). Il constate ainsi que les médias, encore une fois, jouent un rôle indirect puisqu’ils ne viendraient que renforcer des prédispositions déjà présentes chez l’individu par simplement diffuser et filtrer l’information accessible sur le sujet.
                  Ainsi, les différentes études effectuées dans la perspective du paradigme des effets limités des médias ont démontré à plusieurs reprises que les médias ne pouvaient nous dire quoi faire ou quoi penser. Les effets des médias sont généralement tempérés par des procédés de sélection de l’attention (tel que la dissonance cognitive, ou simplement des troubles de mémoires) et sont par la suite affectés par des prédispositions, telles que l’âge, l’appartenance politique, etc. (elihu katz, 1989).
Paradigme institutionnel – Critique de Lazarsfeld
Le paradigme institutionnel/politique/cognitif, contrairement au paradigme des effets limités de Lazarsfeld, préfère mettre l’accent sur le rôle des médias dans la transmission de l’information à l’intérieur d’un système plutôt que sur leurs effets. Cette vision défendue par Katz, un ancien collègue de Lazarsfeld, considère que celui-ci ne devrait pas penser les médias comme agents de persuasion, mais simplement comme producteurs d’information, d’agenda et d’« espace public ». Selon Katz, les médias construisent une réalité (contrairement au paradigme positiviste de Popper où la réalité n’est pas construite, mais déjà existante et observable) et Lazarsfeld sous-estime l’influence politique des médias. Katz considère qu’il faudrait traiter de la politique comme un système, avec des rôles, des normes et non pas comme un comportement collectif. Il faut au contraire étudier les interactions entre les divers éléments du système (elihu katz, 1989).
 Ainsi, le paradigme institutionnel considère que les médias n’ont peut-être pas d’effet direct sur un public, mais qu’ils ont néanmoins le pouvoir de leur dire à quoi il faut penser par la sélection de l’information traitée dans les médias (Agenda setting). Cette supposition définit donc les prémisses de la théorie de l’« Agenda setting » où les médias sont vus comme des créateurs de l’agenda autant sur le plan politique que social. En agissant ainsi, les médias gardent néanmoins une certaine influence sur l’audience et elle peut parfois n’apparaître qu’après coup. Par exemple, dans l’un de mes cours sur la publicité et la société nous avions été exposées en classe durant 3 heures à des publicités de McDonald afin d’étudier les différentes adaptations qui en ont été faites pour s’adapter aux différents systèmes sociaux des différents pays. Malgré le public « averti » que nous étions et notre professeur qui jouait son rôle de leader d’opinion nous n’avons pu nous empêcher de remarquer au cours suivant que la majorité des étudiants avait été mangé au McDonald dans la semaine qui à suivit. Le simple fait d’avoir été exposé aux publicités tout en étant conscients de ce qu’elles valaient a été suffisant pour influencer nos habitudes alimentaires au cours de la semaine. La majorité des étudiants n’ont pas pour habitude d’y manger, moi inclusivement, et pourtant nous y sommes presque tous allés dans les jours suivants notre exposition à la publicité.
La principale critique de Katz envers la théorie des effets indirects de Lazarsfeld est  donc qu’elle ne prend pas en compte les interactions des divers éléments d’un même système lorsqu’elle étudie l’influence des médias. De plus, il ne considère pas comme nécessaire de posséder un paradigme, un code éthique, pour que les journalistes mènent à bien leur rôle dans la société.
Paradigme critique (École de Frankfurt) – Critique de Lazarsfeld
 Horkheimer, Adorno et Hall sont les principaux adeptes du paradigme critique. Ils étudient le contrôle des médias, le processus du « gate keeping » et les problèmes de valeurs (Out of the Question Blog).
Horkheimer, entre autres, a développé une critique de la théorie traditionnelle (Popper), car il ne considère pas comme acceptable de croire en une réalité globale et accessible par l’utilisation de la science et l’accumulation des connaissances telle que proposée par Popper. Il met en lumière les discontinuités dans la connaissance, au lieu de chercher des régularités qui étaient nécessaires dans la connaissance produite dans les sciences naturelles.
 Alors que Popper et le paradigme positiviste recherchent la neutralité et l’objectivité de l’observateur face à une réalité observable, un objet naturel. Pour le paradigme critique, les membres refusent de croient que la société puisse être observée de cette façon, en tant qu’objet naturel. Selon eux, il est important de comprendre le monde vécu, tel qu’expliqué par Habermas (Habermas, 1989), avant de pouvoir fonder l’ambition de peut-être pouvoir étudier la société telle qu’elle est. L’exemple donné est que les individus ne sont pas des objets neutres, naturels tels qu’une roche et qu’il n’est donc pas possible de les étudier sans connaître leur individualité. Ainsi, il ne serait pas possible pour un homme ayant un passé d’enfant battu de sortir de ce cercle vicieux et de ne pas reproduire la même erreur que son père sans avoir conscience de l’impact de son monde vécu. Il serait impossible, selon le paradigme critique, pour l’enfant de se déconnecter et de devenir tout simplement objectif afin de ne pas reproduire le modèle établi dans son enfance comme le proposerait Popper.

Sources
-          Boudon, Raymond, Lazarsfeld Paul (1901-1976), (2008), Encyclopédie Universalis http://www.universalis-edu.com.proxy.bib.uottawa.ca/encyclopedie/paul-lazarsfeld/# (page visionnée le 25 octobre 2011)
-          Communication Theory Blog, Lasswell’s model, http://communicationtheory.org/lasswells-model/ (page visionnée le 25 octobre 2011)
-          Derville, Grégory le pouvoir des médias -  chapitre 1 (2005), www.pug.fr/extract/show/1218 ) (page visionnée le 25 octobre 2011)
-          Habermas, Jurgen, Médias de communicaton et espaces publics, 1989, Réseaux, volume 7 no.34, pp.79-96.
-          Katz, Elihu, LA RECHERCHE EN COMMUNIC ATION DEPUIS LAZARSFELD (1989) http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/15360/HERMES_1989_4_77.pdf?sequence=1 (page visionnée le 25 octobre 2011)
-          Larnac, Gérard, La police de la pensée: propagande blanche et nouvel ordre mondial (2001), L'Harmattan, p.128 
-          Ledun, Marin, Katz et le modèle « dominant » des effets limités (2004) http://commposite.org/index.php/revue/article/viewDownloadInterstitial/64/41 (page visionnée le 25 octobre 2011)
-          Out of the question Blog, Media research in the 1940s, http://www.outofthequestion.org/Media-Research-of-the-1940s/BASR.aspx (page visionnée le 25 octobre 2011)
-          Paradoxa - Entre psychologie et autre chose, L’étude des phobies: le cas du petit Albert (2008) http://paradoxa1856.wordpress.com/2008/12/23/letude-des-phobies-le-cas-du-petit-albert/ (page visionnée le 25 octobre 2011)
-          Simon Marty, Marianne, «Le jeu de la mort», l'expérience télé qui enfonce les portes ouvertes (2010), http://www.marianne2.fr/Le-jeu-de-la-mort--l-experience-tele-qui-enfonce-les-portes-ouvertes_a189823.html (page visionnée le 25 octobre 2011)
-          University of Twent,  Two Step Flow Theory (2010), http://www.utwente.nl/cw/theorieenoverzicht/Levels%20of%20theories/macro/Two-Step%20Flow%20Theory.doc/ (page visionnée le 25 octobre 2011)